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Interview avec Dr Tamekamta : « Le Sahara marocain est devenu un pôle de commerce , d'investissements, et d'innovation »

La question du Sahara marocain demeure un pilier central de la diplomatie du Royaume, incarnant une stratégie déterminée pour défendre son intégrité territoriale et renforcer son influence régionale. Le soutien international à la souveraineté marocaine sur le Sahara continue de s'élargir, avec un nombre croissant de pays affirmant leur appui, tandis que d'autres, ayant précédemment reconnu la pseudo république autoproclamée (rasd), revoient leur position pour s'aligner sur l’initiative marocaine.


Le Royaume s’est distingué récemment par des démarches ambitieuses pour renforcer sa souveraineté sur ce territoire. Parmi les actions les plus marquantes figurent la reconnaissance américaine de la souveraineté marocaine sur le Sahara, une percée historique pour Rabat, et l'ouverture de consulats africains et arabes à Laâyoune et Dakhla. Ces avancées diplomatiques témoignent du rôle moteur du Maroc dans la stabilisation de cette région et sa vision pour un avenir axé sur la coopération et le développement durable.  


Pour décrypter ces évolutions, Dr. Alphonse Zozime Tamekamta, historien des relations internationales, chef du comité scientifique de NejMaroc et membre de plusieurs centres de recherche africains et internationaux, répond à nos questions:



Le Maroc a connu des avancées significatives dans la reconnaissance mondiale de sa souveraineté sur le Sahara. Comment évaluez-vous ces progrès sur le plan diplomatique ?


Depuis 2007, date de l’approbation onusienne du plan marocain d’autonomie du Sahara, un soutien politique consensuel durable, le dossier du Sahara a irrémédiablement évolué vers le bon sens. Passé le temps des joutes juridiques en politique, la communauté mondiale s’approprie progressivement cette question en reconnaissant la souveraineté du Maroc sur son Sahara. Cela est d’autant prégnant qu’il suffit d’évaluer le nombre de pays ayant retiré leur reconnaissance à l’entité fictive (pseudo-RASD), le nombre de pays ayant ouverts leurs consulats généraux à Laâyoune et Dakhla et du nombre de pays ayant réaffirmé la marocanité du Sahara. Au demeurant, on est passé de l’époque de la démesure verbale et du tout-argutie du Polisario, pour une nouvelle ère d’une diplomatie de la mesure et de la vérité. Le reconnaissance mondiale de sa souveraineté sur son Sahara sonne comme un couperet pour les ennemis de l’intégrité territoriale du Maroc, et constitue le seuil téléologique d’un processus irréversible. 


La région bénéficie également d’un développement économique accru. Comment selon-vous le Maroc parvient-il à équilibrer les dimensions diplomatique et économique dans sa politique concernant le Sahara ?

Simultanément à une diplomatie d’action, le Maroc a développé une dimension économique importante pour équilibrer le développement et rattraper le retard causé par l'ancienne puissance administrative au sud du Maroc. C'est dans ce sillage qu’intervient le Nouveau Modèle de Développement pour les provinces du Sud (NMDPS) du Royaume du Maroc, conçu en 2012, un document-cadre qui s’inscrit dans le grand projet national de régionalisation avancée. Il s’agit du cadre programmatique et pragmatique du Plan d’autonomie des provinces du Sud, appuyé par l’ONU depuis 2007. Le NMDPS dégage une exemplarité en rapport aux enjeux de renouvellement de la pensée africaine, en s’adossant sur quatre principes-directeurs : la création d’une nouvelle dynamique de croissance et des pôles de compétitivité régionaux ; la promotion d’un développement humain inclusif et la valorisation de la dimension culturelle ; le développement et l’aménagement territorial durables ; une gouvernance responsable au service de la confiance et de la démocratie. A l’échelle transnationale et sous-régionale, le NMDPS présente la particularité de tenir compte des enjeux d’intégration inter-saharienne et interafricaine. Car, en privilégiant le désenclavement des provinces du Sud avec priorité à la connectivité des régions du Sud pour favoriser leur intégration réussie dans le vaste bassin économique maritime allant de la côte nord du pays à celle de l’Afrique de l’Ouest et des îles Canaries, le NMDPS permet de remplacer progressivement la dangereuse dyade géopolitique Afrique-blanche-Afrique noire par un espace aux continuités économiques et culturelles avantageuses, dans le cadre de la ZLCAF. C’est dire, en définitive, que la région bénéficie d’une attention particulière de Sa Majesté le Roii Mohammed VI qui veut en faire un hub économique important. Le projet de construction du Port de Dakhla Atlantique ou du lancement (le 23 novembre 2024) de l’Académie Africaine des Sciences de la Santé à Dakhla et bien d’autres projets d’envergure (dans les provinces du sud) viennent confirmer cette volonté d’un alliage bénéfique entre dimensions diplomatique et économique dans la politique royale de développement du Sahara marocain. 


Qu’est-ce qui vous a motivé à écrire votre livre “Le Sahara marocain: Contours polémologiques et perspectives irénologiques” ?


Plusieurs raisons ont justifié le choix et la volonté de rédiger cet ouvrage:

1-Quelques similarités dans le parcours historique du Cameroun et du Maroc. Car, les crises d’Agadir et de Tanger ont eu des répercussions au Kamerun (alors sous protectorat allemand);

2-Le Cameroun est aussi traversé par le séparatisme, notamment dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest;

3-Révéler le différend autour du Sahara marocain, peu étudié en Afrique (surtout en Afrique subsaharienne) et s’opérant à huis-clos; 

4-Mettre en lumière un différend qui a contribué à annihiler le fonctionnement efficient de l’OUA et l’UMA; 

5-Porter ce différend artificiel à la connaissance de l'élite politique et intellectuelle africaine;

6-Contribuer à la diffusion du modèle marocain de gestion du différent à travers le le plan d’autonomie;

7-Faire écho d’une dynamique diplomatique irréversible, faite de soutien à l’intégrité territoriale du Maroc.


À quel public votre ouvrage est-il destiné et quel message principal souhaitez-vous transmettre ?

L’ouvrage est destiné aux universitaires, juristes, hommes des lettres, journalistes, chercheurs…étudiants africains et d'ailleurs. Il s’adresse aussi à l’Africain ordinaire, au public averti et non, qui ambitionne, au cœur des conjectures polémologiques autour du Sahara marocain, de révéler les incongruités partisanes et de déconstruire, par la plume et le discours, les idées reçues/spécieuses qui tendent à justifier une vaine tentative de mise en question de l’intégrité territoriale du Royaume du Maroc.

Pensez-vous que les intellectuels africains s’impliquent suffisamment dans ce dossier ?

Je suis au regret de constater que les intellectuels africains ne se sont pas encore suffisamment appropriés ce dossier, pourtant l’un des plus prégnants à la 4e commission des Nations unies. Si cette implication insuffisante était due à l’absence d’un document global retraçant l’historicité de ce différend artificiel, l’ouvrage offre des arguments pertinents pour une appropriation plus décisive des intellectuels africains. Car, il est temps d'opposer aux discours de détresse des charognes de la poussiérisation de l’Afrique, les arguments de droit que l’histoire et l’anthropologie culturelle rendent souverains: le Sahara est marocain. 


Vous avez réalisé une intervention au siège de l'ONU à New York pour défendre la position marocaine, quel était le principal message que vous souhaitiez transmettre ?


Le mercredi 4 octobre 2023, à 10 heures au Siège de l’ONU à New York, j’avais fait une déclaration devant la Commission des questions politiques spéciales  et de la décolonisation (Quatrième Commission) de l’ONU, réunie en sa 78e session. Dans son intervention, j’avais fait observer que le programme géopolitique de l’État hôte des camps de Tindouf a été à l’origine de profondes divisions parmi les États d’Afrique et au sein de l’Union africaine. Que cet État a parrainé la proclamation, sur son territoire, d’une soi-disant « république sahraouie » et l’a faite admettre en toute illégalité à l’Organisation de l’Unité africaine. Que cette décision, illégale du point de vue juridique et fonctionnelle (au regard des textes fondateurs de l’OUA , notamment les articles 27 et 28), a été une erreur que la majorité écrasante des États d’Afrique s’efforcent activement de rectifier. Que ces mêmes États appuient également l’initiative marocaine d’autonomie. Que l’Union africaine a indiqué clairement que l’Organisation des Nations Unies est la seule instance habilitée à traiter la question du Sahara marocain et appuie les efforts du Secrétaire général pour la relance du processus politique ; que 40 % des États d’Afrique ont ouvert des consulats à Laâyoune et à Dakhla, reconnaissant ainsi la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Que le Sahara marocain est devenu un pôle de commerce et d’investissements et abrite de nombreux projets dans les domaines des énergies renouvelables et de l’agriculture. Que les autres pays d’Afrique devraient reconnaître la souveraineté du Maroc sur le Sahara et appuyer l’initiative marocaine d’autonomie, pour prémunir le continent des dangers du séparatisme et de l’instabilité.

Recueillis par Youssef CHAAT



Les récentes avancées du Maroc sur la question du Sahara témoignent d’une stratégie diplomatique ambitieuse et d’une vision claire pour le développement de cette région. En multipliant les initiatives économiques, sociales et diplomatiques, le Royaume transforme le Sahara en un modèle de stabilité et de prospérité, consolidant ainsi sa souveraineté tout en affirmant son rôle de leader continental. La reconnaissance internationale croissante de la marocanité du Sahara, appuyée par des projets structurants comme le port de Dakhla Atlantique, reflète une détermination sans faille à inscrire cette région au cœur de l’essor national et africain. 


À travers une diplomatie active et un engagement concret en faveur de ses populations, le Maroc dépasse la seule résolution d’un différend historique. Il fait du Sahara un symbole d’intégration et de développement durable, démontrant que la paix et le progrès sont les piliers d’un avenir prometteur, tant pour le Royaume que pour l’ensemble du continent africain.


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