Né en Tchétchénie, ayant grandi en Autriche et récemment naturalisé marocain, Ismail Naurdiev, combattant de MMA, incarne une identité multiculturelle unique. Dans cette interview, il nous confie comment chacune de ces cultures a façonné sa personnalité et son parcours en tant qu’athlète, mais aussi ses ambitions pour le Maroc sur la scène internationale du MMA.
Vous êtes né en Tchétchénie, avez grandi en Autriche et vécu au Maroc. Comment ces différentes cultures ont-elles façonné votre identité et votre parcours en tant que combattant ?
Grandir en Tchétchénie m’a appris la résilience, l’art de surmonter l’adversité. En Autriche, j’ai acquis la discipline et le sens du travail rigoureux. Le Maroc, lui, m’a apporté un profond sentiment de chaleur et de communauté, un ancrage qui nourrit mon esprit et ma force intérieure. Ces trois cultures, en se croisant, ont forgé en moi un combattant à la fois puissant et stratégique, mais aussi quelqu’un de connecté à son histoire, à ses valeurs. Elles me rappellent constamment l’importance de rester déterminé, de dépasser mes limites tout en restant humble et connecté à mes racines
Sa Majesté le Roi Mohammed VI vous a récemment accordé la nationalité marocaine. Qu'est-ce que cela représente pour vous, personnellement et dans votre carrière de combattant ?
Recevoir la nationalité marocaine de Sa Majesté le Roi Mohammed VI est pour moi un honneur immense, une source de fierté profonde. C’est une reconnaissance qui va au-delà du sport ; elle symbolise l’accueil et le soutien que j’ai trouvés au Maroc. Ce pays est devenu une seconde maison où je me sens accepté et valorisé. Pour ma carrière, c’est un tournant majeur. Porter le drapeau marocain est à la fois un privilège et une responsabilité. Cela me motive à me dépasser, car je ne combats plus uniquement pour moi-même, mais pour un pays qui m’a montré une solidarité et une générosité exceptionnelles. Ce lien avec le Maroc est un moteur, il me rappelle à chaque instant que chaque victoire est partagée avec les gens qui me soutiennent.
Vous représentez désormais trois identités : marocaine, autrichienne et tchétchène. Quel message espérez-vous transmettre aux jeunes qui vous suivent, en particulier au Maroc ?
J’aimerais montrer aux jeunes que nos racines et nos expériences culturelles sont des sources de force. Embrasser ces différences nous enrichit et nous rend plus solides. Peu importe d’où l’on vient ; avec le travail et la détermination, on peut atteindre ses rêves. Mon parcours est là pour illustrer qu’il n’est pas nécessaire de choisir entre les cultures qui nous ont construits. Au contraire, chacune nous apprend quelque chose de précieux. Mon message aux jeunes est de croire en leur potentiel et de puiser dans la diversité de leurs expériences pour grandir.
Pouvez-vous nous décrire votre routine d’entraînement et comment vous préparez-vous mentalement pour les compétitions de haut niveau ?
Je m’entraîne deux fois par jour, avec les sessions les plus intenses le matin, où je repousse mes limites physiques. Pour moi, l’entraînement ne se résume pas aux séances dans la salle ; c’est un engagement quotidien. Je veille également à avoir un sommeil de qualité et à adopter une alimentation équilibrée pour donner à mon corps tout ce dont il a besoin. La préparation mentale est essentielle : je visualise mes succès, j’imagine chaque étape de mes combats et j’adopte un état d’esprit inébranlable. Cet entraînement mental m’aide à rester concentré et à affronter chaque défi avec calme et détermination.
Les sports de combat connaissent un essor remarquable au Maroc ces dernières années. Comment percevez-vous cette évolution ?
La croissance des sports de combat au Maroc est réellement inspirante. C’est le signe d’un engouement fort et d’un talent émergent chez les jeunes Marocains. Cette évolution crée une base solide pour les futurs champions, et je suis fier d’assister à ce développement. C’est motivant de voir la scène marocaine gagner en reconnaissance et en structure. Le Maroc est en train de construire une réputation dans le monde du sport de combat, et j’espère contribuer à cette dynamique et voir le pays briller à l’international.
Selon vous, le Maroc a-t-il le potentiel de devenir un centre incontournable pour le MMA dans les années à venir ?
Absolument. Le Maroc dispose d’un vivier de talents, et l’intérêt pour le MMA est de plus en plus fort. Avec l’appui nécessaire, je crois fermement que le pays peut devenir un pôle majeur pour les sports de combat. Il y a ici une passion et une énergie qui peuvent réellement porter le Maroc vers le rang de centre d’entraînement et de compétition de haut niveau. Les athlètes marocains sont prêts à faire leurs preuves, et je suis persuadé que le Maroc peut atteindre cet objectif.
Avez-vous le rêve de devenir le premier champion de l’UFC sous les couleurs du Maroc ? Que représenterait un tel accomplissement pour vous ?
Devenir le premier champion de l’UFC sous le drapeau marocain est un rêve qui m’anime. Cela représenterait un hommage à l’esprit de résilience du peuple marocain. Ce serait bien plus qu’un accomplissement personnel ; ce serait un symbole pour les jeunes, une démonstration que, peu importe d’où l’on vient, tout est possible avec du travail acharné et de la détermination. Cela serait pour moi l’opportunité de faire honneur à tout ce que le Maroc m’a offert, et de rendre fier ceux qui me soutiennent. C’est un rêve qui me pousse chaque jour à donner le meilleur de moi-même.
Ismail Naurdiev : La nouvelle fierté du MMA marocain
Né en Tchétchénie le 18 août 1996, Ismail Naurdiev est un combattant de MMA à l’histoire singulière, marquée par des influences culturelles variées. Ayant grandi en Autriche, où il découvre et se passionne pour les arts martiaux mixtes, Naurdiev forge dès son jeune âge une rigueur et une discipline qui lui permettent de briller dans ce sport exigeant. Surnommé "The Austrian Wonderboy" à ses débuts, il se fait remarquer rapidement sur la scène européenne, avant d’intégrer des organisations prestigieuses et de se faire un nom dans l’arène internationale.
Avec plus de 24 victoires à son actif, Naurdiev évolue principalement dans la catégorie des poids mi-moyens (77 kg), où il combine puissance brute et agilité exceptionnelle. Sa technique allie harmonieusement le grappling, la boxe et la lutte, offrant ainsi un style unique qui le rend redoutable dans chaque domaine du combat. Son entrée dans l’UFC, en 2019, marque un tournant majeur dans sa carrière, avec une victoire remarquable face à Michel Prazeres. Cependant, son parcours dans la prestigieuse organisation n’est pas sans obstacles. Après des performances en dents de scie, il se sépare de l’UFC en 2020. Plutôt que de se laisser abattre, Naurdiev revient sur le devant de la scène avec une détermination renouvelée, enchaînant les victoires et s’affirmant à nouveau comme un combattant de classe mondiale. Sa résilience et sa force de caractère lui permettent aujourd’hui de dominer la scène internationale, avec des ambitions encore plus grandes pour l'avenir.
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