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Sahara marocain : Londres, prochaine étape de la reconnaissance internationale ?



Alors que des puissances majeures telles que les États-Unis, la France et l’Espagne ont déjà franchi le pas, Londres semble se trouver à un carrefour stratégique, où les intérêts économiques, géopolitiques et historiques convergent pour redéfinir sa position sur la question du Sahara marocain.

Dans les relations internationales, les intérêts nationaux priment souvent sur les considérations idéologiques. Pour Londres, soutenir le Maroc pourrait ouvrir de nouvelles opportunités économiques et géopolitiques, tout en renforçant son influence en Afrique. La reconnaissance de la marocanité du Sahara ne serait pas seulement un acte diplomatique, mais également une décision stratégique guidée par le réalisme politique.

L’adoption de la résolution 2756 par le Conseil de sécurité de l’ONU, couplée à des gestes diplomatiques marquants, comme le discours historique d’Emmanuel Macron devant le Parlement marocain, a renforcé la légitimité internationale de la souveraineté marocaine sur le Sahara. Dans ce contexte, le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité, est de plus en plus pressé de clarifier sa position. 

Les récentes déclarations de parlementaires britanniques, notamment celles du député conservateur Daniel Kawczynski, témoignent d’un changement de ton à Westminster. Kawczynski a ouvertement plaidé pour une reconnaissance de la marocanité du Sahara, qualifiant le Maroc de « partenaire stratégique fiable » et de « modèle de stabilité et de progrès dans la région arabe et africaine ». Ces propos s’inscrivent dans une tendance croissante au sein du Parlement britannique, où des voix influentes appellent à soutenir l’initiative marocaine d’autonomie, perçue comme « la seule solution crédible » pour résoudre ce différend régional.

Les relations entre le Maroc et le Royaume-Uni ne datent pas d’hier. Avec plus de 800 ans d’histoire commune, ces deux nations partagent un héritage diplomatique et culturel unique. Cependant, au-delà de cette profondeur historique, c’est la réalité contemporaine qui pousse Londres à envisager un rapprochement stratégique avec Rabat. 

Dans un monde post-Brexit où le Royaume-Uni cherche à redéfinir ses alliances, le Maroc se présente comme un partenaire incontournable. Sa position géographique stratégique, à la croisée de l’Europe, de l’Afrique et du monde arabe, en fait une porte d’entrée vers le continent africain. De plus, les relations commerciales entre les deux pays connaissent une croissance remarquable. En 2024, les échanges bilatéraux ont atteint 3,8 milliards de livres sterling, soit une augmentation de 10,9 % par rapport à l’année précédente. Ces chiffres illustrent la solidité des liens économiques entre les deux nations, renforcés par des projets ambitieux tels que le câble sous-marin Xlinks, destiné à exporter de l’énergie verte marocaine vers le Royaume-Uni.

Outre les considérations économiques, la stabilité régionale constitue un autre facteur clé dans la réflexion britannique. Le Maroc joue un rôle central dans la lutte contre l’immigration clandestine vers l’Europe, un enjeu particulièrement sensible pour Londres. En surveillant efficacement ses frontières et en offrant des solutions d’intégration aux migrants, le Maroc contribue à endiguer les flux migratoires, tout en renforçant la stabilité régionale. 

Sous la direction de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc s’est également imposé comme un acteur majeur en Afrique subsaharienne, œuvrant pour la paix et le développement. Cette vision panafricaine, combinée à une politique étrangère proactive, renforce l’image du Maroc comme un partenaire stratégique fiable, capable de répondre aux défis globaux.

La position britannique sur les activités commerciales dans le Sahara marocain illustre déjà une certaine évolution. En avril 2024, le gouvernement britannique a affirmé la légalité des activités économiques dans cette région, rejetant ainsi les revendications du Polisario. Cette prise de position, combinée à la décision de la Cour d’appel de Londres de valider l’accord d’association entre le Maroc et le Royaume-Uni, marque un tournant significatif dans la politique britannique.


3 QUESTIONS À YASSINE EL YATTIOUI : « EN TANT QUE MEMBRE PERMANENT DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DES NATIONS UNIES, LE ROYAUME-UNI POSSÈDE UNE INFLUENCE CONSIDÉRABLE SUR LES RÉSOLUTIONS CONCERNANT LE SAHARA »


Yassine El Yattioui, Expert en relations internationales et Secrétaire général de NejMaroc : Centre Marocain de Recherche sur la Globalisation


1. Dans quelle mesure le développement des relations économiques entre le Maroc et le Royaume-Uni peut influencer une possible reconnaissance de la marocanité du Sahara ?
Le développement des relations économiques entre le Maroc et le Royaume-Uni s'inscrit dans une dynamique post-Brexit où Londres cherche à renforcer ses partenariats commerciaux et stratégiques en dehors de l'Union européenne. Dans ce contexte, le Maroc apparaît comme un partenaire clé, en raison de sa stabilité politique, de sa position géographique stratégique et de son rôle central en tant que passerelle vers l'Afrique subsaharienne. Depuis la signature de l'accord d'association entre les deux pays en 2019, les échanges commerciaux ont connu une croissance significative, notamment dans les secteurs agricole, énergétique et des infrastructures. Les exportations marocaines vers le Royaume-Uni, particulièrement les produits agroalimentaires et les phosphates, connaissent une hausse continue, tandis que les investissements britanniques au Maroc, notamment dans les énergies renouvelables et les technologies, se renforcent. Cette interdépendance économique crée un terrain favorable à une évolution politique concernant la question du Sahara. 

En matière géopolitique, le Maroc a réussi à positionner la question du Sahara non pas uniquement comme un enjeu politique, mais aussi comme un levier de développement économique régional. Le modèle de développement des provinces du Sud, avec des investissements massifs dans les infrastructures, les ports et les énergies renouvelables, démontre une volonté marocaine d’intégrer cette région au cœur de ses politiques publiques nationales. Le Royaume-Uni, en tant qu’acteur pragmatique, pourrait voir dans la stabilité économique et politique du Sahara marocain une opportunité d'élargir ses propres intérêts économiques dans la région. Londres pourrait ainsi adopter une approche réaliste, suivant l'exemple des États-Unis, qui ont reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara en 2020. Ce rapprochement économique bilatéral ouvre la voie à une possible reconnaissance politique du Sahara comme partie intégrante du territoire marocain. Le pragmatisme britannique, souvent guidé par les intérêts économiques et commerciaux, pourrait ainsi converger avec les priorités stratégiques marocaines.

2. Quels sont les principaux facteurs qui pourraient motiver le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, à reconnaître officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara ?
Plusieurs facteurs stratégiques et géopolitiques pourraient motiver le Royaume-Uni à reconnaître officiellement la souveraineté marocaine sur le Sahara. Premièrement, la stabilité régionale demeure un enjeu majeur pour Londres, particulièrement dans une région sahélo-saharienne marquée par une montée des menaces sécuritaires, du terrorisme et du trafic transnational. Le plan d'autonomie proposé par le Maroc sous souveraineté marocaine est largement perçu par la communauté internationale comme une solution réaliste et durable pour mettre fin à ce conflit régional. En soutenant cette initiative, le Royaume-Uni contribuerait à stabiliser une zone géographique essentielle pour ses propres intérêts sécuritaires et commerciaux.

Deuxièmement, le Maroc représente une plateforme stratégique pour les investissements britanniques en Afrique. Grâce à son réseau d'accords de libre-échange avec plusieurs pays africains et à ses infrastructures portuaires modernes, notamment Tanger Med, le Maroc constitue une porte d'entrée idéale pour les produits britanniques vers les marchés africains. Reconnaître la souveraineté marocaine sur le Sahara renforcerait non seulement les liens économiques bilatéraux, mais permettrait également au Royaume-Uni de consolider sa présence sur le continent africain, en concurrence avec d'autres puissances comme la Chine et la Russie.

Enfin, le facteur diplomatique joue un rôle central. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, le Royaume-Uni possède une influence considérable sur les résolutions concernant le Sahara. Une reconnaissance officielle permettrait à Londres de jouer un rôle plus actif dans le processus politique onusien en devenant le troisième pays du Conseil de Sécurité à statuer cette reconnaissance officiellement après les États-Unis en 2020 et la France en 2024 et de renforcer son partenariat stratégique avec Rabat. Cette reconnaissance pourrait également s'inscrire dans une vision plus large de la politique étrangère britannique post-Brexit, visant à diversifier ses alliances et à renforcer sa présence dans des régions géostratégiques.

3. À quel point les projets stratégiques et les investissements britanniques renforcent-ils l’importance du Sahara marocain dans les relations bilatérales entre le Maroc et le Royaume-Uni ?
Les projets stratégiques et les investissements britanniques dans les provinces du Sud du Maroc illustrent à quel point cette région est devenue un levier central dans les relations bilatérales entre les deux pays. L’implication croissante du secteur privé britannique dans des domaines tels que les énergies renouvelables, les infrastructures portuaires et les technologies propres témoigne de l'importance économique croissante du Sahara marocain. Par exemple, des projets liés à l'énergie solaire et éolienne dans cette région offrent non seulement des opportunités pour le développement local, mais renforcent également les échanges énergétiques entre le Maroc et le Royaume-Uni. Ces projets s'inscrivent dans le cadre de la stratégie énergétique marocaine, qui vise à produire plus de 52 % de son énergie à partir de sources renouvelables d'ici 2030.

Le port de Dakhla Atlantique, en cours de développement, constitue également une infrastructure stratégique pour les échanges commerciaux transatlantiques et africains. Pour le Royaume-Uni, investir dans cette région signifie accéder à une plateforme logistique majeure pour le commerce avec l'Afrique subsaharienne. De plus, les initiatives conjointes dans le secteur agricole renforcent les capacités locales tout en répondant aux besoins du marché britannique en produits agricoles de qualité.

D'un point de vue politique, ces investissements économiques contribuent à légitimer davantage le plan marocain d'autonomie pour le Sahara, en démontrant que la région est stable, dynamique et ouverte aux investissements étrangers. Pour le Royaume-Uni, ces engagements économiques ne sont pas dénués de dimensions stratégiques : ils constituent un signal clair de soutien implicite au statut du Sahara sous souveraineté marocaine. L’interdépendance croissante entre les deux pays, alliée aux succès économiques tangibles enregistrés dans la région, peut faciliter une prise de position politique plus explicite de la part de Londres en faveur du Maroc.


Le train de la reconnaissance internationale est en marche, et il semble que le Royaume-Uni ne puisse plus se permettre de rester à quai. Entre intérêts économiques, enjeux géopolitiques et considérations historiques, tous les éléments convergent pour faire de cette reconnaissance une décision non seulement logique, mais également stratégique. Le moment est venu pour Londres de franchir le pas et de s’aligner sur les grandes puissances qui ont déjà choisi de soutenir le Maroc dans sa quête légitime de souveraineté.

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